Reseña del editor:
Cette étude très fouillée, et novatrice à plus d'un égard, confronte carrière et tempérament créatif chez un des artistes majeurs des temps baroques perçu depuis le XVIIº siècle comme l’incarnation du dynamisme et de l’esprit d’entreprise. En apparence, rappelle Nadeige Dagen, Rubens n'a rien négligé pour explorer tous les courants artistiques (assimilés durant un long séjour à Rome), approcher une clientèle princière et royale, se hisser au rang d'homme de cour et de diplomate comme un Titien jadis dont à plus d'un égard il a fait son modèle. Et pourtant, aucun honneur ne le détournera, à l’inverse d’un Vélazquez, de se consacrer à son art. Cet art, l'auteur l'envisage à travers un portrait intellectuel de Rubens qui remet à l'honneur ses curiosités scientifiques, décrit son énergie à la tâche, son immense capacité d'assimilation et d'organisation en analysant la "fabrique Rubens", objet d'une approche extrêmement riche et suggestive dans l'ouvrage. L'atelier peut apparaître à cet égard comme une PME mais Rubens saura toujours garantir l'unité de style à ces créations collectives auxquelles travaillaient spécialistes des animaux, spécialistes du paysage ou de la nature morte d'après ses esquisses, elles-mêmes de sa main mais tout aussi bien générées par des emprunts à l'Antiquité ou à d'autres artistes, vivants ou morts. Pour naître, le chef d'œuvre requiert une somme de talents (d'où qu'ils viennent) dont Rubens assure la synthèse. Ainsi voient le jour les immenses cycles de tapisserie ou de décorations comme la Galerie de Médicis (Louvre), Bankerting House (Londres) et les grandes compositions religieuses (Descentes de Croix, Assomption) à la postérité innombrable dans le fervent climat de reconquête des Pays-Bas par la Contre-Réforme. D'où l'importance, dans cette division du travail qui va s'opérer souvent, en l'absence du maître, en mission ou en voyage à l'étranger, des dessins préparatoires et des esquisses remises aux assistants et enfermées chaque soir que l'auteur interroge attentivement ( illustrations à l'appui), à l’égal d’un laboratoire de la création. L'énergie de la vie, son mouvement perpétuel, sa circulation jusqu’à la véhémence entre les différents règnes de la Nature (Les Chasses), tout cela réunit dans une même poétique et une même approche plastique le goût de Rubens pour le paysage (souvent négligé par les spécialistes), pour les lions, les chevaux et surtout pour le corps humain, dépeint jusque dans la chair intime de ses épouses (La petite pelisse).
Biografía del autor:
Nadeije Laneyrie-Dagen est historienne de l’art, spécialiste de la peinture en Flandre et en Italie aux xive et xviie siècles, et l’auteure d’une monographie sur Rubens (2003) ainsi que d’essais, L’Invention du corps (1997) et L’Invention de la nature (2008). Elle a enseigné dans le secondaire, puis à l’université de Lille, à l’École nationale supérieure des beaux-arts et à l’École normale supérieure où elle a créé l’enseignement d’histoire de l’art. La diversité des publics avec lesquels ces postes l’ont mise en présence l’a convaincue de l’importance qu’il y a à ne pas considérer l’histoire de l’art comme un savoir confidentiel et élitiste. Aussi a-t-elle consacré plusieurs ouvrages, dont le plus connu est Lire la peinture (2 vol., 2002 et 2004), à la diffusion du savoir.
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