Apostoloff - Softcover

Lewitscharoff, Sibylle

3,12

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Softcover

ISBN 10: 2371190063 ISBN 13: 9782371190061

Verlag: Piranha Editions, 2015

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Rese�a del editor:

"Pompeux, m�galomane, grotesque. Que voulait cet homme ? Ramener ses compagnons d'autrefois chez eux. Les dix-neuf. Il avait quitt� pour eux la Floride, entour�e du bruit de la mer, et �tait revenu dans son ancienne maison de Stuttgart qu'il avait habit�e autrefois avec caniche, femme et enfant, cent trente paires de chaussures de femme et cinquante vari�t�s de vernis � ongle. Les ramener chez eux, c'�tait au pied de la lettre l'id�e de Tabakoff. Les Bulgares �taient dispers�s, les uns en tant que cadavres de relative fra�che date, les autres en tant que cadavres archi-vieux, dispers�s dans les cimeti�res de Stuttgart et, manifestement, n'attendant qu'une chose, que Tabakoff s'occup�t d'eux. Lui, le dernier de l'association des Bulgares de Stuttgart, �tait venu rassembler leurs restes pour les transf�rer � Sofia. Dans un cort�ge majestueux de limousines, s'entend, avec, pour finir, un enterrement orthodoxe de premi�re classe". Deux soeurs, leur p�re mort, mais omnipr�sent, un �trange p�riple � travers l'Europe pour atteindre la Bulgarie... Un roman f�roce et comique � la fois.

Extracto. � Reimpreso con autorizaci�n. Reservados todos los derechos.:

SUR LA ROUTE

Nous, dis-je � ma soeur, pour le moment, nous nous en sommes encore bien sorties. Ma soeur est assise � l'avant sur le si�ge du passager et se tait. Seule une minuscule inclinaison de la t�te en direction de la vitre laisse entendre qu'elle a compris. Elle est habitu�e � mes r�v�lations et sait ce qu'il faut en penser.
Disparu, parti et point final, dis-je. Un p�re qui met un point final avant d'avoir d�moralis� toute la famille est plus � c�l�brer qu'� condamner.
Mettre un point final, ce n'est pas un hasard si �a se passe en plein jour, hein ? Il y a quelque chose qui doit vous en boucher un coin quand c'est fini, non ? Mettre un terme, se d�mettre, mettre un coup. L� maintenant, mettre un coup, frapper l'appui-t�te, c'est un geste de boxeur, mais tout reste en suspension ; plus rapidement qu'elle ne s'est lev�e, la main repose � nouveau sur mon genou. C'est idiot ? Oui, bien des choses que je fais sont idiotes, mais jusqu'� pr�sent je n'ai pas encore trouv� la parade. Ma soeur, pour l'instant, ne me voit ni ne m'entend, parce qu'elle sourit � Rumen et que le bruit de la voiture avale les bruits plus subtils.
Parfois, je parle � ma soeur comme si je parlais dans le vent. Elle conna�t les envol�es dont je suis capable, dans lesquelles notre p�re s'en tire rarement bien, la plupart du temps mal. Concernant notre m�re, nous sommes d'un mutisme d'acier. Ce qu'il y a d'enchanteur chez ma soeur, c'est qu'elle ne me prend pas au s�rieux et me pardonne tout. C'est une soeur a�n�e exemplaire qui aborde sa cadette avec une patience d'ange. Bien que maintenant nous ne soyons plus tr�s jeunes, ma soeur, qui n'a que deux petites ann�es de plus que moi, pense qu'elle a affaire � une enfant innocente, aux marottes de laquelle on fronce un peu les sourcils, en croyant en toute bonne foi que les choses finiront par rentrer dans l'ordre.
Rumen Apostoloff n'est pas habitu� � nous, ses cheveux se dressent jusqu'� la pointe au garde-�-vous. Mes discours l'effraient, il adore ma soeur. Son ou�e est excellente, il comprend presque toujours ce que nous disons, sauf que, quand nous basculons intentionnellement dans un souabe assez carabin�, son sens de d�tective pour la langue parl�e ne vient pas � bout des sons mous, aplatis.
Rumen est notre Herm�s, il porte les langues dans un sens dans un autre, conduit et trouve le chemin en conduisant, il est l'un de ces conducteurs bulgares d�sesp�r�s qui n'ont aucun regard pour tout ce qui cr�ve au bord de la route, laquelle d�file � toute allure. Il est notre d�vou� paquet de nerfs qui traverse son pays d�sesp�r�, un pays qui, la nuit, est encore beaucoup plus d�sesp�r�.
Nous, dis-je � ma soeur, nous ne pouvons pas nous plaindre. Nous avons �t� nourries, nous n'avons pas �t� battues, nos longues �tudes ont �t� financ�es et, au bout du compte, il y a m�me eu de quoi nous laisser un modeste h�ritage. Que demander de plus ?

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