Críticas:
Actua BD, 26 mai 2009, par David Taugis
Une enfance isolée, dans une famille de substitution. Pour grandir, pour se construire, l'imagination permet à la petite Virginie de s'évader tout en résistance futée. Un récit très personnel à la fois intimiste, fantaisiste et mélancolique.
Non désirée par sa mère, pas reconnue par le père, Virginie se retrouve dans une famille totalement féminine, composée d'une jeune grand-mère et de sa mère (une arrière-grand-mère donc). À la campagne, sans aller à l'école, la jeune fille rêve toute éveillée, dessine, pose des centaines de questions à ses nounous. La souffrance, elle, se cache dans des rêves sombres et des moments d angoisse et de déprime.
L'auteure Virginie Cady ne cache pas la part d'autobiographie de cet album, dont la première partie s'étend sur 200 pages. Le personnage de la fille adoptée, cette clandestine du titre, occupe une place énorme, entre ses états d'âme et son univers incroyablement inventif.
Pour illustrer ces situations, Marc-Renier a réussi un coup de maître : son dessin est totalement neuf, différent de ses oeuvres précédentes. On retrouve beaucoup de la part de délire d'auteurs comme Bess, Alexis et Rabaté, dans le désordre. Des influences venant de décennies différentes, pas un hasard étant donné le contexte de l'histoire : les années 70.
Tout en négligeant volontairement les décors, Marc-Rénier, avec une économie graphique notable, soigne les expressions, et surtout les nombreuses scènes oniriques, qui fleurent bon, justement, la BD des années Pilote et Métal Hurlant.
Malgré quelques longueurs, Clandestine convainc par la force du portrait de notre jeune fille espiègle, et la richesse des relations dans cette communauté de femmes qui chacune à sa manière, résiste à des vies abimées. --http://www.actuabd.com/Clandestine-premiere-partie-Par-Virginie-Cady-Marc-Renier-Futuropolis
Le Vif, 6 mai 2009, par Vincent Genot
Comment se construire lorsque, née de père pas vraiment connu et délaissée par sa mère, on est élevée par une arrière-grand-mère revêche dont le trait de caractère principal n'est pas la douceur?
Pour Virginie, six ans et des poussières, la solution est d'une simplicité enfantine: on s'invente des histoires dans lesquelles chaque rencontre apporte la solution à un problème donné. Peur du noir? On apprivoise les lutins planqués dans l'armoire. Pas envie d'avaler la cervelle d'agneau? On discute avec le petit mouton dans l'espoir de trouver l'argument qui permettra d'éviter dignement le plat honni.
Et puis, il y a la découverte des lettres. Ces étranges symboles que la gamine apprivoise seule tant elle pressent qu'elles sont la source de nombreuses découvertes. Drôle, souvent émouvant ce premier tome de Clandestine raconte, dans un dessin aux traits vivants, la petite enfance de Virginie Cady, tout simplement. --http://www.levif.be/blog/blog-algemeen/85-9-840/critique-bd---clandestine.html
Kinorama, 21 avril 2009, par Nathalie Rézeau
Un polichinelle dans le tiroir
Comme souvent chez Futuropolis, les albums se démarquent par la profondeur de leurs sujets (l'approche de la mort pour L'accablante apathie des dimanches à rosbif, l'angoisse de la solitude dans Les ensembles contraires, ou encore le voyage qui vire au cauchemar dans London Calling, pour ne citer que ceux-là).
Clandestine est l'autobiographie, romancée car réécrite de manière littéraire, de sa scénariste Virginie Cady. Née en 1970 alors que sa mère n'avait que dix-huit ans, elle entre dans la vie presque par hasard, réchappée de justesse d'un avortement refusé à la dernière minute. Elevée par sa grand-mère et son arrière grand-mère, Virginie est une enfant recluse, dont le monde se limite au seul environnement familier de chez sa « mémé ».
Malgré ses questions sans réponse et ses souffrances inexpliquées, ou peut-être à la fois grâce et à cause d'elles, Virginie veut apprendre et tout découvrir, veut aimer son entourage et pardonner les fautes, et se balise un monde imaginaire qui n a pas de frontières. L'album est alors construit de manière chronologique, avec sa voix omniprésente qui commente de manière poétique les errances et les peurs panique de son enfance, aussi bien que les débordements de ses rêveries.
Chez elle, les objets prennent vie comme ils le font chez Calvin et Hobbes. Philosophe face à son vécu, Virginie Cady s'appuie sur la sobriété et l'élégance des dessins de Marc-Renier pour délivrer son quotidien, fait de petits plaisirs (la venue de Mamie), de certaines contrariétés (la cervelle d'agneau du jeudi) et de grandes avancées (la porte ouverte sur les mots et la lecture). Son histoire, touchante et hors du commun, en devient émouvante, portée par un flot d'images et de symboles.
Prévu en trois volets, Clandestine raconte au final l'éclosion d'un être que rien n'a prédestiné à la vie. Tout simplement superbe. --http://www.lekinorama.com/fiche_bd.php?RefBD=279&BD=Clandestine
Reseña del editor:
Un récit de Virginie Cady. Dessin de Marc-Renier
„Über diesen Titel“ kann sich auf eine andere Ausgabe dieses Titels beziehen.