Beschreibung
A Lunéville, Chez F. E. Goebel & C. F. Messuy . 1752 . 1 volume in-12 (10x16,5), reliure veau raciné de l'époque, dos à nerfs, orné de compartiments décorés, titre. fff-XX-+ 223 pp-[5 p] (Privilège de Stanislas, roi de Pologne). Edition originale de cet ouvrage rare qui, de surcroît, contient, sur le feuillet avant la page de titre, une savoureuse note manuscrite de l abbé André MORELLET, encyclopédiste (écriture authentifiée), important témoignage sur les circonstances et l'environnement qui ont présidé à l'élaboration de l'ouvrage ; une partie de cette note manuscrite a été reprise mot pour mot par J-M. Guérin dans La France Littéraire (III-p.287), ce qui permet de penser qu'il a eu cet exemplaire entre les mains. Coiffes absentes, coins fatigués, sinon très bon exemplaire à la structure solide et aux pages sans rousseurs. Plusieurs apologistes du milieu du XVIIIème siècle se sont employé à réfuter des manuscrits hétérodoxes. Ainsi, le présent ouvrage prétend dénoncer en en citant de très nombreux extraits, les "Réflexions impartiales sur l'Evangile", diffusant ainsi largement les idées d HOLBACH ; le tout, avec l'approbation de la Congrégation et l'imprimatur du roi de Pologne, au grand amusement des Encyclopédistes. Ces « Réflexions impartiales sur l Evangile », publié une première fois anonymement en 1769, est une virulente attaque frontale de la religion chrétienne. Le texte de ce brûlot faisait déjà objet d une importante circulation sous forme d écrit clandestin depuis une trentaine d années. Grâce au « Celse moderne » de l abbé Gautier, le texte était une première fois publié 17 ans avant les « Réflexions », sa critique n étant que le stratagème en permettant sa diffusion. Pour qui connait quelque peu le milieu dans lequel évolue l abbé Gautier et qu évoque la note manuscrite de l abbé Morellet, encyclopédiste surnommé « Mords-les » par Voltaire, la volonté de diffuser largement au grand jour ce brûlot est évidente. Pour ce qui est de l approbation de l Eglise, on sait que l adresse de l éditeur Goebel, libraire de Stanislas duc de Lorraine, masque en fait celle de la Congrégation Saint-Sauveur elle-même. L enseignement dispensé par son Institut, dont plusieurs membres étaient francs-maçons, s avérait plus déiste que chrétien. La thèse d un aveuglement des prélats est d autant moins défendable qu ils ne se sont pas opposés à la réalisation d une seconde édition en 1765… L octroi du privilège royal participe du même esprit : Stanislas, roi de Pologne sans terre mais agissant en monarque éclairé dans son duché de Lorraine est l auteur d une dizaine d ouvrages imprégnés des Lumières et réunis sous le titre « uvres du Philosophe bienfaisant ». Ouvrages qualifiés par sa propre fille, la pieuse reine de France Marie Leszczynska, de livres d un athée inspiré par Voltaire. Dans ce contexte, il en fallait peu pour passer du dépoussiérage du dogme à la libre-pensée. L abbé GAUTIER, déiste frisant l athéisme, franchira allègrement ce pas. Assistant du supérieur général de la Congrégation, il en dirigera le séminaire jusqu à sa mort en 1776. Outre ses fonctions ecclésiastiques, il était également correspondant du Royal Museum de Londres et du Musée national d Histoire naturelle de Paris ; ami de Voltaire et de Buffon. Il rédigera plusieurs essais philosophiques et un discours récompensé par l Académie française en 1745 sur l inutilité de la dispute pour ramener les hommes à l unité d opinion. Il fut aussi co-auteur, avec Stanislas, entre 1750 et 1752 d une controverse avec Rousseau sur les bienfaits de l éducation. Il produisit également une vingtaine de communications scientifiques à l académie de Nancy. Il siégeait surtout aux côtés de Stanislas à l Académie royale des Sciences, Arts et Belles- Lettres de Nancy fondée par ce dernier. C est donc tout naturellement à l abbé que le monarque confia l exploitation d une copie de la lettre clandestine que lui avait remis le baron de Lucé, chargé de l administration de l est du royau. Bestandsnummer des Verkäufers 01451
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